mardi 1 novembre 2011

Marche avec bâtons

Depuis quelques temps j'y pensais, ce matin je me suis lancé. Vous me connaissez, je suis curieux de nouvelles techniques, c'est ma façon de vivre, presque ma raison d'être.
 Après avoir longtemps randonné sans bâton puis avec une belle branche de noisetier bien droite et solide, surtout quand je suis seul ou que je pense rencontrer des animaux, je me suis posé la question de l'utilité des bâtons de randonnée. Je n'ai toujours pas d'avis définitif sur cet usage, certains randonneurs disent ne plus pouvoir s'en passer, d'autres qu'ils apportent une aide et soulagent les genoux, moi j'ai constaté qu'ils pouvaient être gênants dans certains passages techniques, pentus et étroits et que l'un des convaincus avait réussi à s'en passer plusieurs kilomètres avant de se rendre compte qu'il les avait oublié à la dernière halte. Le débat va encore durer puisque depuis que le monde est monde, il y en a toujours une moitié pour enquiquiner l'autre.
 Autodidacte invétéré, j'ai consulté les sites et forums du woueb pour prendre des indications. Sur les sites de randonnée peu de renseignements mais beaucoup de marchands, il faut donc se tourner vers ceux de marche nordique. 
Celle-ci est présentée comme un bon entrainement et s'apparentant au ski de fond. Bon là je suis un peu plus près de mes centres d'intérêt : la randonnée sportive, le trail, la course à pied, le ski. Pour un essai j'ai décidé de m'équiper à peu de frais. Mes bâtons de ski de piste faisant la longueur voulue (votre taille multipliée par 0,66 à 0,68 selon les "écoles"), une paire de chaussures et de chaussettes de trail, un habillement ample, un petit sac à dos contenant de l'eau (ou mieux une ceinture porte-bidon) et un téléphone, une casquette et me voilà prêt au départ.
Je n'ai pas voulu faire le test sur un itinéraire que je fréquente souvent. Je me suis rendu à Montbazin où une randonnée d'une douzaine de kilomètres parcours la colline de la Moure, sur un terrain varié en revêtement et dénivelé. 
 Au départ les bâtons ne sont pas très utiles ni très pratiques sur le bitume : ils glissent, se coincent dans les grilles d'égouts. Dès que la route devient sentier et s'élève, j'arrive à prendre le rythme pied gauche-main droite et inversement. Au début mes gestes sont trop amples, pas comme un militaire à la parade, mais je plante mes bâtons trop loin en avant, comme au ski de fond alors que la bonne cadence, du moins celle qui me convient, est plus proche de la marche avec des raquettes à neige. Je continue à dérouler mes pieds et je constate rapidement que cette marche est plus confortable, le regard est porté au loin car le dos est droit, les appuis plus assurés, trois points c'est mieux qu'un. La théorie des trois T : Tenue, dos bien droit et bras tendu, Talon, posé avant la plante des pieds et les orteils et Traction, puisqu'on utilise les bâtons pour propulser son corps en avant est exacte et peut être suivie sur la majeure partie du trajet. Il arrive toutefois qu'en raison de la nature du terrain : pierres, pente, étroitesse du passage, trou, on ne puisse planter qu'un bâton sur quelques pas. Sans trop d'effort de concentration, on retrouve rapidement le rythme gauche-droite, gauche-droite.
Les avantages des bâtons je n'allais pas tarder à les découvrir. Au troisième kilomètre du sentier détrempé par la pluie de la nuit précédente, je suis arrivé dans une forte descente en dévers. Habituellement je franchis ce genre de terrain en courant, là j'ai marché et constaté l'aide apportée par mes accessoires : retenue lorsque le pied glisse et meilleur équilibre du corps. Lors de la remontée de ce petit ravin les appuis sur les bras sont appréciables.
 Mon expérience a tourné court après quatre kilomètres, une pluie fine et pénétrante suivie de coups de tonnerre et d'une averse d'une rare violence m'ont obligé dans un premier temps à m'abriter sous le pont d'une ancienne voie ferrée mais la deuxième averse m'a surpris alors que j'étais en terrain complètement découvert. Je me suis arrêté à un carrefour où un brave viticulteur local faisant le tour de sa propriété pour vérifier que les fossés n'étaient pas bouchés m'a pris dans son véhicule et m'a conduit au mien stationné deux bornes plus loin : "là où la rivière déborde d'habitude" m'a t'il dit et c'est vrai que les roues étaient dans dix bons centimètres d'eau.        
 Le béotien que je suis ne donne qu'un avis provisoire : oui les bâtons sont utiles et pratiques en marche nordique, oui le ou les bâtons de randonnée apportent un soutien aux appuis dans les pentes mais ne servent pas beaucoup sur terrain plat. Oui, oui, oui, je suis tenté par la marche nordique qui peut être une bonne alternative à la randonnée ou la course à pied et un bon entrainement pour le ski de fond et la promenade avec raquettes. Maintenant je suis toujours sceptique sur l'utilité de bâtons sur des parcours urbains, plats, sans une allure sportive, aide psychologique ou effet de mode? 


POST-SCRIPTUM : selon les puristes ce que j'ai fait ce matin n'est pas de la marche nordique qui implique une poussée sur le bâton arrière et nécessite un lâcher de la poignée qui revient automatiquement dans la main lorsque le bâton est équipé non d'une dragonne mais d'un gantelet. Bon dès que le soleil revient je fais un nouvel essai.   

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