jeudi 3 février 2011

Promenade villageoise

Objets inanimés, avez-vous donc un âme
Qui s'attache à notre âme et la force à aimer ?


Je n'ai rien de commun avec Lamartine, pas plus qu'avec la Martine (celle des livres d'enfants ou de Lille, c'est comme vous voulez), sauf cette phrase célèbre, d'un long poème écrit en 1926, alors que son père veut vendre la maison si chère à son coeur, dans la commune de Milly.

Au cours de mes promenades, je découvre des objets anciens et je m'imagine quelle a pu être leur vie.

Dernièrement j'ai photographié ce fauteuil semblant abandonné sur une place publique dans un petit village des Cévennes, La Cadière (le nom ne provient pas de l'occitan qui désigne la chaise mais de la végétation de genévriers cade -dont on tire l'huile du même nom- qui recouvrait la garrigue).


 
Combien de personnes se sont balancées sur ces patins usés dans la fraîcheur du soir, était-ce un grand-père cajolant son petit-fils, un homme harassé par sa journée de labeur à travailler une terre pleine de cailloux, une femme sommeillant après avoir terminé ses tâches ménagères ? Et qui a brisé l'accoudoir ? un enfant qui jouait, une personne trop lourde pour ce vieux bout de bois ?
Son bois blanc ne porte ni vernis ni peinture, ce meuble a peut-être été placé là en attendant,
en attendant quoi ?

Un peu plus loin sur la place du village, près de la fontaine qui coule pour rien, si ce n'est pour le plaisir des yeux, se trouve une vieille pompe.

C'est un bel objet en fonte mis en valeur par un muret. Le temps a fait son oeuvre et la rouille lui a donné une belle couleur. Le morceau de fil de fer qui remplace l'axe du bras montre clairement que cette pompe ne remontera plus d'eau, d'ailleurs a-t-elle encore un tube sur un forage ou une citerne ?

Levant la tête, je découvre un mur percé de trois trous : un pigeonnier abandonné dans la façade d'une ancienne grange ou un refuge pour les petits oiseaux, grands dévoreurs d'insectes volants ?


Passé les dernières maisons, le paysage n'est qu'une succession de vignes et d'oliveraies.


Le bitume laisse place au chemin empierré conduisant à un habitat dispersé et qui souvent semble abandonné.

Les volets qui n'ont pas vu de peinture fraîche depuis belle lurette se sont décrochés. Les rideaux sont toujours aux fenêtres, les tuiles ne manquent pas sur le toit et l'alimentation électrique est toujours à portée. Il y a peut-être un espoir que cette bâtisse ne finisse pas comme l'abri de l'ancienne gare.

L'ancienne voie ferrée dont il ne subsiste qu'un peu de ballast et quelques ouvrages d'art deviendra peut-être une voie cyclable pour le plaisir des générations futures.



Le plaisir de marcher et celui de l'oeil, elle n'est pas belle la vie ? 






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