samedi 22 décembre 2012

Mariette à Bugarach


     Six mille ans que la fin du monde est annoncée au moins une fois par siècle, celle de 2012 serait la 183° depuis la fin de l'empire romain. Depuis environ trente ans la fin du monde est annoncée pour le 21 décembre 2012. Depuis 2010 une rumeur circule sur Internet assurant que le petit village de Bugarach dans l'Aude sera épargné. Devant l'envahissement du village par les journalistes, les autorités ont pris des mesures d'interdiction du site à compter du 19 décembre à 12 heures. Il est notamment interdit : de pénétrer dans le village sauf autorisation spéciale délivrée aux riverains et journalistes, de randonner à pied ou en véhicule, de chasser, camper ou pénétrer dans un périmètre englobant le Pic de Bugarach, ainsi que le survol par tout engin, identifié ou non.
Le papa de Mariette, curieux et incrédule, a décidé de se rendre sur place avec toute sa famille pour: soit assister à l'arrivée des envahisseurs de la planète Niburu, soit à tout autre phénomène et si possible, être présent au lieu où les âmes seront sauvées si la nouvelle était avérée.

     Toute la famille de Mariette a pris place dans le camping-car familial et cap au Sud pour des vacances scolaires anticipées. Le trajet se déroule sans encombre jusqu'à Rennes les Bains où dès le lundi, toute la famille s'installe au camping municipal et fait du tourisme en visitant la maison Gauloise, la villa Béthanie et la tour Magdala à Rennes le Château. Le papa de Mariette entend dire que le trésor de l'abbé Saunière serait caché dans une caverne du Pic de Bugarach. Le mercredi matin à l'aube, le papa de Mariette fait équiper la famille de sa tenue de randonnée. Il est porteur d'un immense sac à dos contenant des vivres pour plusieurs jours, de matériel de couchage et de vêtements chauds. Sa maman porte également un sac plus petit contenant des vêtements secs et de matériel photographique et vidéo. Mariette se met en route pour marcher les huit kilomètres qui doivent les amener au village de Bugarach. Un peu après leur départ, au lieu-dit la Ferme des Amours, son papa leur fait quitter la route pour emprunter des chemins qui longent des champs et la rivière Blanque. Arrivés au village en fin de matinée, ils sont surpris de la présence d'environ deux cent cinquante journalistes, autant que le nombre habituel de villageois et de nombreux véhicules de la gendarmerie qui patrouillent et contrôlent les autorisations d'entrée dans la commune. Personne ne semble faire attention à eux. Après avoir fait une petite provision de pain, la famille s'engage sur un chemin forestier, les routes vers les cols du Linas et de Saint-Louis étant interdites. Le temps est gris et froid, par moment le brouillard bouche la vue et s'il cache le paysage, il permet à nos aventuriers d'avancer vers la montagne sans se faire remarquer.
     Vers le milieu de l'après-midi ils arrivent au pied du Pic. En suivant un chemin creux pouvant être le lit d'un ruisseau tari, ils découvrent une grotte dont l'entrée est dissimulée par des rochers moussus et des arbres. Après une reconnaissance, le papa de Mariette décide d'y installer un campement, le sol et les parois étant secs. La nuit tombe vite en cette saison et l'obscurité est combattue par l'allumage de quelques bougies dont le papa de Mariette à une grande provision. Le temps s'écoule lentement lorsqu'on ne peut pas parler fort ni bouger pour ne pas se faire repérer. Après un repas froid composé d'un sandwich, Mariette, fatiguée, s'endort profondément sur son matelas gonflable, au chaud dans son sac en duvet. Ses parents se couchent de la même façon, un peu plus tard.
     La journée du jeudi est employée à visiter plus profondément leur abri. Encordés, casqués et équipés de lampes électrique, Mariette et ses parents parcourent plusieurs centaines de mètres sous terre, dans une faille de la montagne. Par moment ils arrivent dans des salles immenses où leurs petites lampes n'éclairent que faiblement le plafond, et d'où partent de nombreuses ramifications de voies, parfois ils se retrouvent dans des galeries étroites. Les lampes éclairent le rocher souvent dans différents tons de gris, quelquefois strié de langues brunes, rarement de cristaux lumineux. Il règne une température constante dans cette grotte où il n'y a aucun courant d'air et le froid ne se fait pas ressentir. Mariette est heureuse de pratiquer la spéléologie pour la première fois mais a du mal à répéter ce mot jusque là inconnu.
A leur retour à l'entrée de la grotte en fin d'après-midi ils se rendent compte qu'il fait nuit. La maman de Mariette prépare un repas composé de nouilles cuites sur un réchaud à gaz, de jambon, de fromage et de fruits secs. Toute la famille s'installe pour une dernière nuit dans cette caverne.
     Le vendredi matin, qui doit être celui de la fin du monde mais Mariette l'ignore, son papa décide d'aller faire un tour dans les environs pour tenter de découvrir le meilleur terrain d'atterrissage pour un engin extra-terrestre. Il a déjà regardé les films de Spielberg mais il n'a aucun idée précise sur l'endroit convenable. En se cachant des patrouilles de la gendarmerie qui surveillent le pic et les galeries connues depuis plusieurs jours, il parvient à une sorte de plateforme circulaire dont une partie du sol est partiellement brûlé. Il prend plusieurs photos et constate en visionnant les images que la végétation brûlée dessine des figures circulaires formant un visage humain, tel qu'il aurait pu être dessiné par un enfant de l'école maternelle, plus précisément le centre comporte trois cercles brûlés, disposés en triangle et pouvant avoir été dessinés par les échappements de trois moteurs ou représenter un signe ésotérique. Il repense aux Crop circles découverts dans le sud de l'Angleterre mais n'ayant jamais lu l'article complet, il ne se souvient pas si leur origine a été découverte ou les auteurs du canular identifiés. Il revient vers son refuge un peu avant midi. L'après-midi est consacré à d'étranges travaux de bricolage. Le papa de Mariette a sorti de son sac à dos une immense feuille de papier qu'il entreprend de coller et de munir de fines baguettes de bois, réalisant ainsi une sorte de sac de la forme d'une ampoule électrique. Mariette est intriguée et son papa lui apprend en souriant, qu'elle verra plus tard quel en est l'usage.
A vingt et une heures, après avoir rangé leur équipement de nuit, ramassé les restes de leurs repas que sa maman rapportera au village, le papa de Mariette donne le signal du départ. Toute la famille se dirige vers l'endroit découvert le matin même, dans le silence de la nuit troublé seulement par le bruit sourd de leurs pas et tremblant d'être découverts, dès qu'une pierre roule sur le chemin faiblement éclairé par un quartier de lune, car ils n'utilisent pas ou très peu leurs lampes, pour éviter de se faire voir des gendarmes qui surveillent toujours la montagne. Un quart d'heure plus tard, ils sont sur place. Constatant qu'il ne s'est rien passé d'extraordinaire à l'heure fatidique présumée, les parents de Mariette s'enlacent et tous les trois dansent une sorte de gigue endiablée. Le papa de Mariette allume les bougies qu'il a placé sous le grand sac en papier confectionné l'après-midi et celui-ci s'envole dans le ciel en produisant une petite lumière dans la nuit noire. Il monte lentement dans l'air frais. Aussitôt un étrange avion, se fait entendre dans le ciel et forme des cercles au dessus d'eux. A l'aide de ses jumelles à vision nocturne, le papa de Mariette identifie un drone Harfang appartenant certainement à l'armée de l'air et dont les instruments ne semblent pas déréglés par le rayonnement magnétique ou par le froid ambiant. Quelques minutes plus tard, le pic de Bugarach est survolé par un hélicoptère de la gendarmerie, équipé d'un puissant projecteur de recherches puis par des avions de chasse provenant de la direction d'Istres et par une autre patrouille venant de Mont de Marsan. La lanterne thaïlandaise construite par le papa de Mariette a mis en alerte toute l'aviation militaire, alors qu'elle n'était destinée qu'à fêter le début d'un nouveau cycle, à la fin du dernier calendrier maya. Toute la famille de Mariette s'enfuie et va se réfugier dans sa grotte secrète,heureux d'avoir pu échapper aux caméras thermiques de l'hélicoptère. Le lendemain ils quittent définitivement les lieux avant de redescendre dans la vallée sans être découverts, la surveillance du pic s'étant relâchée. 

     La force cosmique supposée emmagasinée ou pas, lors de leur séjour sur la montagne de Bugarach, a-t'elle changé leur vie ? Il est trop tôt pour le savoir.
Ce qui est indéniable c'est qu'au 21 décembre 2012, si on regarde les cartes stellaires, le centre de la galaxie, le Soleil et la Terre étaient parfaitement alignés. C'est la vérité et ça s'est produit en 2012 comme cela se reproduit tous les 21 décembre de chaque année. 
Le 21 décembre 2012 à 12H11 ce fut la fin ... de l'automne 2012 !

Post scriptum : je n'ai nulle intention d'entamer une carrière de conteur mais j'avoue que commettre quelques galéjades me procure du plaisir. Puisse-t'il être partagé.

jeudi 20 décembre 2012

Risotto de la mer

Cette recette est donnée pour quatre personnes. Si vous avez un gros appétit gardez ces proportions sinon appliquez une règle de trois!

400 grammes de crevettes et de moules décortiquées (en bocaux ou congelées peuvent convenir)

250 grammes de riz

100 grammes d'oignon doux

2 gousses d'ail

1 cuillère à soupe d'aneth

1 cuillère à soupe de crème fraîche

30 cl de vin blanc

75 cl de bouillon de légumes ou de fumet de poisson

Sel, poivre (ou paprika)

2 fois 2 cuillères à soupe d'huile d'olive.

Après avoir fait revenir les oignons dans un peu d'huile et autant d'eau, faire sauter le riz dans l'huile jusqu'à ce qu'il devienne translucide (là j'ai économisé une poêle) et ajouter l'ail finement haché (il brûle plus vite que l'oignon) 
Préparez votre bouillon en faisant fondre un cube dans 3/4 litre d'eau (oui ça fait 75 cl) tiède.
Lorsque le riz est comme j'avais dit (si vous ne vous en souvenez pas, relisez quelques lignes au dessus) rajouter le bouillon et cuire 20 minutes en remuant de temps en temps.
Avant qu'il n'ait absorbé toute l'eau, rajouter les crevettes et moules, deux minutes plus tard mouiller avec le vin. Là vous sentez déjà la bonne odeur envahir votre cuisine!
Remuez, assaisonnez, goûtez, rectifiez si besoin (je manie bien l'impératif présent, non ?) 
Cinq minutes avant la fin de cuisson, ajouter l'aneth et la crème fraîche.
Mangez très chaud puis selon le temps, allez faire la sieste, marcher ou jouer aux boules mais n'allez pas au boulot, vous allez vous y endormir et si vous le mangez le soir, c'est le contraire, vous n'allez pas vous endormir !

mardi 18 décembre 2012

Les vacances à la mer

La suite des aventures de Mariette, petite fille âgée de six ans.


     Cet été là, les parents de Mariette ont décidé de partir en vacances à la mer. 

     Durant tout l'hiver, son papa a aménagé en camping-car un vieux fourgon. Il a construit une couchette pour Mariette, une plus grande pour ses parents, un coin pour faire la cuisine et des rangements. Il a monté une galerie sur le toit et un store roulant sur le côté. Sa maman l'a aidé en installant de jolis rideaux aux fenêtres. Quelques jours avant le départ, son papa a commencé à remplir le fourgon avec des vêtements d'été, des provisions et des accessoires de loisir. Un bateau gonflable et des cannes à pêche suivront sur une remorque. Mariette voyagera derrière ses parents, bien attachée sur son siège. Elle pourra jouer en posant ses cahiers de dessin ou sa poupée sur la tablette coulissante installée par son papa. Elle aura à côté d'elle le grand chien blanc que ses parents ont adopté, n'ayant pas retrouvé son maître.
     Le matin du départ tout est prêt. Tout le monde déjeune de bonne heure et en route vers l'océan par des petites routes de campagne. Le soleil est à peine levé lorsque maman demande à s'arrêter pour acheter du pain et des croissants dans le premier village rencontré. Mariette s'endort peu après sur son siège après avoir laissé le chien manger les miettes du croissant. En milieu de matinée, papa décide de faire un arrêt sur le bord de la route pour se détendre et laisser le chien se promener. Il découvre un petit parking à l'entrée d'un bois. Tout le monde descend. Mariette mange un autre croissant tout en se faisant pousser par sa maman sur la balançoire du parking. Papa fait des exercices d'assouplissement et marche un peu au bord de la route.
     Au moment de repartir, alors que Mariette vient d'être attachée sur son siège, on s'aperçoit de l'absence du chien. Mariette est malheureuse de la disparition de son compagnon de jeux. Tout le monde redescend et se dirige vers l'entrée du bois en appelant et sifflant le chien. Le papa de Mariette s'enfonce dans le bois par une large allée bordée d'arbres. Toujours en appelant et sifflant le chien, il avance dans le bois et arrive à la grille d'une maison qui semble abandonnée. Les portes et volets sont fermés, de hautes herbes couvrent la pelouse, les arbres n'ont pas été taillés, des feuilles mortes jonchent le sol en petits tas dans les coins. Le papa de Mariette longe la clôture et découvre un trou dans le grillage. Après avoir sifflé le chien, il entre dans la propriété et s'approche de la maison. Tout d'un coup il entend des aboiements plaintifs provenant de l'arrière du bâtiment. Il s'avance prudemment et après avoir suivi une trace de passage dans des herbes hautes et des ronces, il entend plus précisément les jappements. Avec un bâton trouvé sur place, il s'ouvre un passage dans les ronces et arrive au bord d'un trou recouvert de vieilles planches. Les aboiements proviennent de là. Il appelle le chien qui répond. Les planches sont vermoulues et l'une d'elles est brisée. Le papa de Mariette retire des planches et découvre l'animal au fond d'un trou contenant quelques centimètres d'une eau noire et puante. Dans sa promenade, le chien a marché sur une planche pourrie qui a cédé sous son poids et il a chuté au fond d'une citerne dont les murs en béton lisse l'ont empêché de remonter. Le papa de Mariette revient à son fourgon puis retourne au bord de la citerne en compagnie des deux femmes et muni de cordes et de sangles. Avec précautions, il descend dans la citerne, confectionne une sorte de harnais avec des sangles, équipe le chien et le remonte avec l'aide de Mariette et sa maman. Le gros chien est noir et puant. Après avoir été délivré de son harnais de fortune, il file se rouler dans les herbes humides. Cela ne suffit pas à le nettoyer entièrement. Avec des chiffons et un bidon d'eau, le chien est lavé et essuyé.
     La matinée étant bien entamée, les parents de Mariette décident de pique-niquer sur le parking en attendant que le chien soit bien sec. Il reprennent la route sous la chaleur du soleil et arrivent le soir au bord de la mer alors que le soleil se couche. C'est la première fois que Mariette regarde le soleil disparaître dans la mer après avoir illuminé le ciel d'une teinte variant du jaune à l'orange puis au rose, laissant place au bleu puis au noir de la nuit. Son papa lui explique le cycle du soleil et l'assure qu'il reviendra par l'autre côté après avoir dormi toute la nuit. Mariette se demande comment ça marche le truc de papa, ça doit être une histoire de grands, mais fatiguée elle s'endort rapidement.
     La camionnette a été installée sur un terrain de camping proche de la plage. Mariette se rend tous les jours sur la plage avec sa maman qui l'aide à construire des châteaux de sable qui sont régulièrement démolis par la mer. Mariette est intriguée par cette masse d'eau qui parfois est au bord de la plage, parfois très loin. Sa maman lui explique le principe des marées. Profitant des marées basse, Mariette et ses parents vont à la pêche à pied et ramassent des coquillages lisses ou couverts de petites vagues, longs ou tout déformés. Mariette n'aime pas trop ces coquilles d'huîtres qui coupent les doigts mais sont si jolies à l'intérieur. Elle préfère les nacres fines en forme de chapeau chinois ou les amusants escargots dont elle a toute une collection. Elle aime regarder courir les petits crabes qui s'échappent lorsqu'elle soulève un caillou mais à peur qu'ils lui pincent les doigts et elle ne les attrape jamais. Avec son papa et sa maman, Mariette aime sauter dans les vagues qui les projettent toujours vers la plage. Elle a découvert que l'eau de mer n'est pas bonne à boire car elle est a un goût très salé.
     Un après-midi, le papa de Mariette lui annonce que toute la famille va aller à la pêche avec le bateau. Son papa recule la remorque sur une pente du port et le canot pneumatique est mis à l'eau. Mariette et sa maman surveillent le bateau pendant que son papa range la camionnette et la remorque sur un parking. Après avoir enfilé un gilet orange, tout le monde prend place sur le bateau : le gros chien à l'avant, le papa à l'arrière dirigeant le bateau et le moteur, Mariette et sa maman au milieu sur une planche servant de banquette. Le soleil brille et la mer est calme. Son papa se dirige vers la haute mer. Un moment après leur départ Mariette ne voit plus la côte. Le bateau est entouré d'eau. Ils sont tout seuls sur l'océan. Mariette a un peu peur mais la présence de ses parents la rassure. Son papa installe ses cannes à pêche et envoi très loin un hameçon recouvert de nourriture pour attirer les poissons et attraper les plus gourmands qui mangeront l'appât. Un long moment se passe sans qu'aucun poisson ne fasse sonner les grelots que son papa a installé au bout des cannes. Mariette s'ennuie un peu et se déplace pour aller jouer avec le chien. En s'approchant du bord, elle glisse sur le boudin de caoutchouc et retrouve dans l'eau. Mariette a appris à nager depuis sa dernière baignade forcée. Elle agite ses bras comme lui a appris le moniteur de la piscine mais est gênée par son gilet de sauvetage. Au lieu de revenir près du bateau, elle s'éloigne petit à petit. Ses parents l'encouragent à nager puis se rendent compte du danger. Pendant que son papa remet le moteur en route, le gros chien blanc se jette à l'eau et nage rapidement vers Mariette. Il l'a saisit par le col de son gilet et retourne vers le bateau où ils sont remontés par les parents de Mariette. Mariette a avalé un peu d'eau salée et ses yeux piquent un peu. Sa maman lui rince la bouche et les yeux avec une bouteille d'eau douce.
     Après avoir ramené les lignes et rangé les cannes à pêche, le papa de Mariette remet le moteur en marche, fait effectuer un demi-tour au bateau et accélère. Soudain le moteur tousse puis s'arrête. Le réservoir d'essence est vide.
Le papa de Mariette se demande comment ils vont pouvoir rentrer alors qu'il voit le soleil descendre sur l'horizon. Il installe les rames de secours et commence à ramer. Ses efforts ne le font pas avancer très vite. Au bout d'un moment, fatigué, il se fait aider par sa maman. Un rivage est bientôt en vue. Porté par le courant de la marée descendante, le bateau n'est pas revenu vers la côte mais s'est approché d'une petite île. Le papa de Mariette saute à l'eau lorsque le bateau arrive sur une petite plage, attache le bateau à un rocher avec une longue corde puis, aidé des deux femmes, ils tirent le bateau sur le sable et plantent une ancre pour l'empêcher de partir. Toute la famille part à la découverte de l'îlot qui n'est pas bien grand. Il s'agit d'un gros rocher planté en pleine mer où l'eau et le vent ont creusé une sorte de grotte. Ils décident de s'y installer pour la nuit. Après avoir remonté les provisions et les couvertures trouvées sur le bateau, ils mangent en regardant le soleil descendre à l'horizon puis disparaître dans la mer à laquelle il semble avoir mis le feu. Des étoiles brillent dans la nuit noire. Mariette s'endort rapidement, couchée sur les gilets de sauvetage. Ses parents se relaient toute la nuit pour surveiller le bateau et faire des signaux si un gros bateau passe.
     Mariette est réveillée très tôt par son papa qui lui explique que le soleil va se lever et qu'il est temps de repartir pour profiter du courant qui doit les ramener sur la côte. Le bateau est remis à l'eau. Les parents de Mariette unissent leurs efforts pour ramer en se dirigeant vers le soleil levant. Pour la première fois, Mariette voit le soleil se lever du côté opposé à celui où il s'est couché avant qu'elle s'endorme. Elle comprend alors les explications données par son papa le soir de leur arrivée. Les parents de Mariette rament un long moment sans voir personne sur la mer vide. Tout à coup, ils distinguent au loin une ombre noire qui vient dans leur direction. Il s'agit d'un bateau de pêche qui s'approche rapidement. Tout le monde se lève et agite les bras, faisant danser dangereusement le bateau. Le papa de Mariette pense à utiliser ses fusées de détresse. Il tire sur la ficelle et une lumière rouge se dirige dans le ciel avant de redescendre lentement vers la mer. Aussitôt une sirène de bateau retentit. Le papa de Mariette sait que les pêcheurs les ont vu et vont venir à leur secours.
Le bateau de pêche s'approche du canot pneumatique. Les hommes parlent et le patron pêcheur accepte de remorquer le canot jusqu'au port. Tout le monde prend place dans le bateau de pêche et revient sur la terre ferme. Le papa de Mariette remercie le pêcheur, l'invite à se joindre à leur dîner le soir même et promet qu'à l'avenir, il vérifiera et complétera le plein du réservoir avant d'aller en mer.
  
     Les quelques jours suivants, Mariette et ses parents ne sont plus repartis à la pêche en mer. Ils se sont contentés de bains de soleil et de mer et de visites jusqu'à la fin des vacances.

Prochain épisode : Mariette va à Bugarach, publication prévue le 22 décembre 2012.

lundi 10 décembre 2012

La promenade de Mariette


(Premier texte de la série en projet: contes et nouvelles dédiés à mes petits-enfants)

     Cet après-midi là, Mariette jouait dans son jardin. Elle était seule, sa maman se trouvait dans la maison et faisait le repassage en écoutant de la musique à la radio.
Mariette aimait jouer dans le jardin. Elle avait l'habitude d'y aller seule car elle n'avait ni frère ni sœur. Ses amis d'école habitaient loin et ne venaient chez elle que pour son anniversaire. Sa maison était située à l'entrée d'un petit village, il n'y avait pas de grande route proche et peu de voitures passaient devant chez elle. A six ans, elle connaissait tous les habitants du village où elle était née et à qui elle parlait quelquefois, quand elle se promenait avec ses parents, sa poussette ou son vélo rose.
     Après une petite sieste, elle avait pris sa dinette et ses poupées et avait installé son petit monde autour d'une table basse, à l'ombre du gros figuier qui avait poussé tout seul, près de la clôture. Tandis qu'elle faisait goûter ses poupées, un gros chien blanc qu'elle ne connaissait pas, entra dans le jardin et s'approcha d'elle. Mariette aimait bien les animaux et caressait souvent les chiens et les chats qu'elle rencontrait lors de ses promenades. Le pelage de celui-ci était long et doux mais encombré de brindilles et de morceaux de feuilles sèches. Mariette se mit à le peigner avec ses doigts et à débarrasser ses poils des petites boules piquantes accrochées sous son cou, ses pattes et sa queue. Le grand chien répondit à ses caresses par un coup de langue sur sa joue ce qui la fit rire. Elle lui donna un puis un deuxième biscuit de son goûter. Le gros chien paru apprécier car il se lécha les babines après les avoir engloutis.
     Après avoir joué un moment, le gros chien se dirigea vers le portillon par lequel il était entré et qui était resté ouvert. Mariette suivit son compagnon de jeu, laissant là ses jouets, trouvant plus amusant un animal remuant et docile. Le chien, suivi de Mariette, se dirigea vers la forêt proche du village. Il marchait lentement et les petites jambes de la fillette, habituées aux longues promenades avec ses parents, la portait aisément. C'était la première fois que Mariette se promenait seule dans cette forêt. Elle était déjà venue observer les écureuils et les oiseaux avec ses parents et les grandes allées où le soleil et l'ombre jouaient à dessiner des lumières bizarres sur le sol ne lui faisaient pas peur.
Le chien quitta le chemin pour emprunter un sentier qu'il semblait connaître. Mariette le suivi. Le sentier serpentait autour des grands arbres, suivant les pentes ou coupait en deux des petites bosses. Mariette peinait un peu dans les montées mais courait avec le chien dans les descentes.
     Au bout d'un moment, fatiguée, elle s'assit au pied d'un arbre, appuya son dos au tronc. Le chien se coucha à ses pieds et posa sa tête sur ses jambes. C'est en caressant les oreilles de l'animal qu'elle s'endormit. Lorsqu'elle se réveilla, le soleil était presque couché, la lumière et la chaleur n'étaient plus aussi fortes et elle pensa qu'il était temps de rentrer. Elle se leva et repartit sur un sentier, voulant refaire à l'envers le chemin qui l'avait conduit là. Au bout d'un moment elle ne reconnu plus les arbres qu'elle avait croisé. Elle était perdue! Elle décida de suivre le chien qui l'avait conduite dans ce bois sure que son instinct la ramènerait chez elle. La nuit tombait vite dans la forêt où les ombres des arbres s'étaient allongées et avait fini par recouvrir tout le sol. Le chien trottinait, changeait souvent de direction mais semblait savoir où il devait aller. Mariette le suivait confiante et pensant qu'elle serait bientôt rentrée chez elle.
     Quand il fit tout à fait nuit, Mariette qui accrochait ses vêtements et se cheveux aux branches, trébuchait sur des pierres ou des bois morts, se désespéra de retrouver sa maison et ses parents. Elle s'assit dans un fossé garni de feuilles sèches et se mit à pleurer. Le grand chien blanc lécha son visage pour la consoler. Mariette resta là, se demandant comment et quand elle reverrait ses parents. La nuit était noire, les feuilles des arbres ne laissaient pas passer la lumière des étoiles et la lune ne faisait qu'un faible et pâle croissant qui n'éclairait rien. Mariette se fit un lit de feuilles sèches et dormit dans son fossé, un bras passé autour du cou du chien qui, allongé près d'elle, lui communiquait sa chaleur et la rassurait : elle n'était pas seule dans la forêt.
Les mille bruits de la forêt ne troublèrent pas son sommeil tant elle était fatiguée de sa longue marche et d'avoir pleuré.
     Quand elle ouvrit les yeux, la lumière était revenue. Elle eut froid car les feuilles et le sol étaient couverts de rosée. Le soleil n'avait pas encore paru. Le jour levant lui rappela qu'elle n'avait pas mangé depuis le goûter de la veille. Elle avait mal au ventre et comprit l'expression qu'elle avait entendu un jour : elle avait un creux à l'estomac. Elle ne connaissait pas bien cet organe mais ça devait être là où ça faisait mal. Son ventre s'était vidé et elle imagina un trou qui grandissait en elle.
     Elle se remit en route, toujours précédée du grand chien blanc. Il avançait sur des sentiers à peine tracés par le passage des animaux. Mariette suivait comme elle le pouvait. Ses mains et ses jambes étaient écorchées par les branches basses et les bois morts.
     Après une longue marche, au bas d'une colline, elle entendit de l'eau couler. Un ruisseau coupait le chemin en deux. Arrivés au bord de l'eau, le grand chien blanc s'allongea et bu un long moment à grands coups de langue. Mariette voulu l'imiter. Ses bras étaient trop courts pour attraper de l'eau et boire dans le creux de sa main. Elle se coucha sur le sol et rampa en avant pour boire comme son compagnon à quatre pattes. Soudain le sol se déroba sous elle, une grosse motte de terre s'effondra dans l'eau, entrainant Mariette la tête la première. Dans un grand plouf elle se retrouva plongée dans une eau froide et profonde. Mariette n'allait jamais se baigner à la piscine et n'avait jamais appris à nager. Elle agita ses bras pour tenter d'attraper une branche ou une racine au dessus d'elle mais ses bras étaient trop courts. Elle plongea et remonta plusieurs fois, avalant de l'eau et toussant. Au moment où elle perdait l'espoir de sortir de ce trou d'eau, le gros chien blanc comprit sa détresse et sauta dans l'eau. Il nagea vers elle et saisissant ses vêtements au col, l'entraina vers la rive opposée où il l'a déposa. Après avoir repris son souffle, Mariette caressa longuement le chien qui, après avoir secoué son corps, s'était étendu près d'elle. Elle ôta ses vêtements trempés et les tordit pour faire sortir l'eau avant de se rhabiller. Elle était gelée. Le soleil levant l'a réchauffa un peu.
Sur ce côté du ruisseau la forêt était plus claire, les arbres moins hauts et plus espacés. Suivant un sentier, nos deux amis se remirent en route et arrivèrent bientôt dans une clairière. D'étranges fruits bleus poussaient sur des arbustes en bordure, protégés par des épines. Mariette, que la faim torturait de nouveau, ramassa quelques baies et les croqua. Elles étaient un peu amères mais la faim fut la plus forte, elle en mangea jusqu'à ce que son ventre fut plein.
     Le gros chien emprunta un nouveau sentier qui les conduisis ver une partie de la forêt plus touffue et plus noire. Soudain il s'immobilisa, hérissa les poils de son dos et dressa ses oreilles. Il paraissait plus grand et plus gros. Une sorte de rugissement sorti de sa gorge et, lorsqu'une grosse bête noire sorti du fourré, il se précipita dessus en aboyant. Le gros sanglier que nos promeneurs avaient dérangé, fonça en direction de la fillette. Au moment où ses crocs recourbés allaient l'atteindre, le chien lui planta les siens dans une cuisse arrière. L'animal changea de direction pour charger cet intrus qui s'enfuit, poursuivi par le sanglier en colère. Le bruit décru, le silence revint puis les oiseaux reprirent leurs chants.
     Mariette se retrouvait seule dans une forêt inconnue et peuplée de bêtes féroces. Ne sachant que faire, elle se mit à pleurer. Au bout d'un long moment, le gros chien blanc revint, s'approcha et lui lécha le visage. Son pelage était sale, il avait une oreille déchirée et couverte de sang mais Mariette fut heureuse que son compagnon soit revenu.
     Ils reprirent un chemin dans le sens opposé à celui où le sanglier avait disparu. Ils marchèrent longtemps sans rencontrer personne. Alors que le jour déclinait, ils atteignirent une clairière. Dans un recoin se dressait une cabane faite de rondins de bois et couverte de branchages secs. C'était un petit abri, pas plus grand que la cabane que son papa lui avait construit dans son jardin et dans laquelle elle aimait jouer. A ce souvenir elle eut une pensée pour ses parents qui devaient être bien inquiets de son absence et qui devait la chercher, elle en était sure. Elle se mit à pleurer. Plus tard, alors que la nuit tombait, elle visita la cabane et découvrit une couchette faite de branches alignées et croisées et recouvertes de feuilles sèches. Elle s'aperçut qu'elle était seule, le chien blanc avait disparu sans qu'elle s'en rende compte. Elle se remit à pleurer.
     Quelques longues minutes plus tard, l'animal revint, portant quelque chose dans sa gueule. C'était un lapin qu'il avait chassé et qu'il venait lui offrir. Émue, elle enlaça le cou du chien et l'embrassa longuement. Elle prit le lapin sanglant et en tirant de toutes ses forces, elle réussit à lui arracher sa peau. Elle coupa l'animal en deux, en donna une moitié au chien et se mit à mordre dans une cuisse à pleine dents. La chair crue et tiède était un peu écœurante mais elle avait trop faim, elle mangea toute la viande et suça les os avant de les donner à son compagnon.
     La nuit étant arrivée et n'ayant rien de mieux à faire, elle se coucha sur la litière, le chien allongé près d'elle. Ils dormirent tous les deux d'un sommeil agité, réveillés par moment par le bruit du vent dans les branches, les craquements du bois dans la forêt, les hululements des animaux nocturnes.
     Au petit matin, Mariette se réveilla la première et constata qu'il pleuvait. Le toit de son abri ne laissait pas passer l'eau mais le froid entrait à travers les murs. Elle ouvrit la porte de la cabane pour faire entrer plus de lumière et chercher des objets utiles. Dans un coin, elle découvrit une vieille casserole noire dépourvue de queue, un couvert mais rien pour faire chauffer ou à manger. Elle regretta de ne pas être dans sa maison, attablée devant un petit déjeuner. Elle repensa que ses parents devait la chercher et se demanda comment les rassurer. Elle était perdue, loin de tout, dans une forêt inconnue avec pour seul compagnon un chien.
     Pendant qu'elle se désespérait, le chien se dressa brusquement sur ses pattes, se planta à l'entrée de la cabane, le nez dehors et agitant la queue. Il n'avait pas les poils hérissés comme la veille lors de la rencontre avec le sanglier. Mariette fut rassurée et soudain, entendit un moteur de voiture. Sauvée!
     Un vieux 4x4 fumant entra dans la clairière et s'arrêta devant la cabane. En descendit un homme à l'allure d'ogre, il était immense, portait une grosse barbe broussailleuse et des cheveux longs sous son bonnet de laine, une grosse veste marron et des bottes. L'homme s'approcha de la cabane. La fillette un peu craintive s'avança en disant : « Je m'appelle Mariette et j'ai six ans ». L'homme répondit par un grognement qui semblait dire : « Mais qu'est-ce que cette gamine fait là et comment est-elle arrivée là? » Il n'avait pas lu les journaux ni écouté les informations , n'avait rencontré personne depuis quelques jours et ignorait tout de la disparition de Mariette.
     Le chien ne semblait pas craindre cet homme et lui faisait des fêtes. Il répondit par une caresse sur sa tête et l'animal se coucha aux pieds de Mariette. Retrouvant la voix après ce moment de surprise, il questionna Mariette qui lui raconta sa mésaventure de l'arrivée du chien dans son jardin à sa découverte par sa propre venue ce matin là. L'homme qui était un bûcheron habitant un village voisin, venu pour abattre quelques arbres, décida de raccompagner Mariette chez elle, si elle pouvait lui indiquer le chemin. Ils montèrent dans la camionnette du bûcheron, le chien sur le plateau arrière, et reprirent le chemin par lequel l'homme était arrivé. Ils allèrent jusqu'au village où habitait Mariette et celle-ci put indiquer à son sauveteur où se trouvait sa maison.
     Les parents de Mariette furent très heureux de retrouver leur petite fille et, pleurant et riant à la fois, ils lui posèrent un tas de questions pour connaître les détails de son périple. Mariette avait très faim, elle avala un grand bol de chocolat avec des tartines tout en racontant son histoire.
     L'homme repartit à son travail après avoir été vivement remercié par les parents de Mariette qui l'embrassa, elle n'avait plus peur de sa grosse barbe ni de sa grosse voix.
     Les parents de Mariette, apprenant comment le gros chien blanc l'avait sauvée de la noyade et de l'attaque du sanglier, décidèrent de le garder s'ils ne retrouvaient pas son ancien maître.
     Mariette fut heureuse d'avoir un nouveau compagnon de jeu et promit à ses parents de ne plus partir se promener seule ou avec son chien dans la forêt.
C'est ce qu'elle fit.

mercredi 5 décembre 2012

Dialogue abécédaire


(Exercice acrostiche sans prétentions qui n'amuse -peut-être- que moi)

A une table de bistrot, j'ai entendu ceci :
« Bonjour mon ami, tu me reconnais ?
  • Content de te revoir, où étais-tu passé ?
  • Depuis quelques temps, je voyage beaucoup et je ne suis pas souvent chez moi.
  • Figures-toi que j'en parlais dernièrement avec ma femme …
  • Georgette ?
  • Hé non! On a divorcé depuis trois ans!
  • Incroyable, vous vous entendiez si bien,
  • Je ne te le fais pas dire mais tu sais comment je suis …
  • Korrigan ! Tu trouves toujours une solution de rechange, La précédente c'était …
  • Martine ?
  • Non, je ne l'ai pas connue!
  • On ne s'est pas vu depuis très longtemps alors!
  • Presque dix ans je crois,
  • Quelque chose comme ça, oui! Rappelle-moi ce que tu fais,
  • Secrétaire particulier du député X...
  • Tu reprends quelque chose ?
  • Une autre fois, j'ai pas trop de temps,
  • Vodka ? Whisky? Xérès?
  • Yes, mais vite fait! Et un moment plus tard :
  • Zut, j'ai loupé mon rendez-vous. Au revoir. »