Six mille ans que la fin du monde est
annoncée au moins une fois par siècle, celle de 2012 serait la 183°
depuis la fin de l'empire romain. Depuis environ trente ans la fin du
monde est annoncée pour le 21 décembre 2012. Depuis 2010 une rumeur
circule sur Internet assurant que le petit village de Bugarach dans
l'Aude sera épargné. Devant l'envahissement du village par les
journalistes, les autorités ont pris des mesures d'interdiction du
site à compter du 19 décembre à 12 heures. Il est notamment
interdit : de pénétrer dans le village sauf autorisation spéciale
délivrée aux riverains et journalistes, de randonner à pied ou en
véhicule, de chasser, camper ou pénétrer dans un périmètre
englobant le Pic de Bugarach, ainsi que le survol par tout engin,
identifié ou non.
Le papa de Mariette, curieux et
incrédule, a décidé de se rendre sur place avec toute sa famille
pour: soit assister à l'arrivée des envahisseurs de la planète
Niburu, soit à tout autre phénomène et si possible, être présent
au lieu où les âmes seront sauvées si la nouvelle était avérée.
Toute la famille de Mariette a pris
place dans le camping-car familial et cap au Sud pour des vacances
scolaires anticipées. Le trajet se déroule sans encombre jusqu'à
Rennes les Bains où dès le lundi, toute la famille s'installe au
camping municipal et fait du tourisme en visitant la maison Gauloise,
la villa Béthanie et la tour Magdala à Rennes le Château. Le papa
de Mariette entend dire que le trésor de l'abbé Saunière serait
caché dans une caverne du Pic de Bugarach. Le mercredi matin à
l'aube, le papa de Mariette fait équiper la famille de sa tenue de
randonnée. Il est porteur d'un immense sac à dos contenant des
vivres pour plusieurs jours, de matériel de couchage et de vêtements
chauds. Sa maman porte également un sac plus petit contenant des
vêtements secs et de matériel photographique et vidéo. Mariette se
met en route pour marcher les huit kilomètres qui doivent les amener
au village de Bugarach. Un peu après leur départ, au lieu-dit la
Ferme des Amours, son papa leur fait quitter la route pour emprunter
des chemins qui longent des champs et la rivière Blanque. Arrivés
au village en fin de matinée, ils sont surpris de la présence
d'environ deux cent cinquante journalistes, autant que le nombre
habituel de villageois et de nombreux véhicules de la gendarmerie
qui patrouillent et contrôlent les autorisations d'entrée dans la
commune. Personne ne semble faire attention à eux. Après avoir fait
une petite provision de pain, la famille s'engage sur un chemin
forestier, les routes vers les cols du Linas et de Saint-Louis étant
interdites. Le temps est gris et froid, par moment le brouillard
bouche la vue et s'il cache le paysage, il permet à nos aventuriers
d'avancer vers la montagne sans se faire remarquer.
Vers le milieu de l'après-midi ils
arrivent au pied du Pic. En suivant un chemin creux pouvant être le
lit d'un ruisseau tari, ils découvrent une grotte dont l'entrée est
dissimulée par des rochers moussus et des arbres. Après une
reconnaissance, le papa de Mariette décide d'y installer un
campement, le sol et les parois étant secs. La nuit tombe vite en
cette saison et l'obscurité est combattue par l'allumage de quelques
bougies dont le papa de Mariette à une grande provision. Le temps
s'écoule lentement lorsqu'on ne peut pas parler fort ni bouger pour
ne pas se faire repérer. Après un repas froid composé d'un
sandwich, Mariette, fatiguée, s'endort profondément sur son matelas
gonflable, au chaud dans son sac en duvet. Ses parents se couchent de
la même façon, un peu plus tard.
La journée du jeudi est employée à
visiter plus profondément leur abri. Encordés, casqués et équipés de
lampes électrique, Mariette et ses parents parcourent plusieurs
centaines de mètres sous terre, dans une faille de la montagne. Par
moment ils arrivent dans des salles immenses où leurs petites lampes
n'éclairent que faiblement le plafond, et d'où partent de
nombreuses ramifications de voies, parfois ils se retrouvent dans des
galeries étroites. Les lampes éclairent le rocher souvent dans
différents tons de gris, quelquefois strié de langues brunes,
rarement de cristaux lumineux. Il règne une température constante
dans cette grotte où il n'y a aucun courant d'air et le froid ne se
fait pas ressentir. Mariette est heureuse de pratiquer la spéléologie
pour la première fois mais a du mal à répéter ce mot jusque là
inconnu.
A leur retour à l'entrée de la grotte
en fin d'après-midi ils se rendent compte qu'il fait nuit. La maman
de Mariette prépare un repas composé de nouilles cuites sur un
réchaud à gaz, de jambon, de fromage et de fruits secs. Toute la famille s'installe
pour une dernière nuit dans cette caverne.
Le vendredi matin, qui doit être celui
de la fin du monde mais Mariette l'ignore, son papa décide d'aller
faire un tour dans les environs pour tenter de découvrir le meilleur
terrain d'atterrissage pour un engin extra-terrestre. Il a déjà
regardé les films de Spielberg mais il n'a aucun idée précise sur
l'endroit convenable. En se cachant des patrouilles de la gendarmerie
qui surveillent le pic et les galeries connues depuis plusieurs
jours, il parvient à une sorte de plateforme circulaire dont une
partie du sol est partiellement brûlé. Il prend plusieurs photos et
constate en visionnant les images que la végétation brûlée dessine
des figures circulaires formant un visage humain, tel qu'il aurait pu
être dessiné par un enfant de l'école maternelle, plus précisément le centre comporte trois cercles brûlés, disposés en triangle et pouvant avoir été dessinés par les échappements de trois moteurs ou représenter un signe ésotérique. Il repense aux
Crop circles découverts dans le sud de l'Angleterre mais n'ayant
jamais lu l'article complet, il ne se souvient pas si leur origine a
été découverte ou les auteurs du canular identifiés. Il revient
vers son refuge un peu avant midi. L'après-midi est consacré à
d'étranges travaux de bricolage. Le papa de Mariette a sorti de son
sac à dos une immense feuille de papier qu'il entreprend de coller
et de munir de fines baguettes de bois, réalisant ainsi une sorte de
sac de la forme d'une ampoule électrique. Mariette est intriguée et
son papa lui apprend en souriant, qu'elle verra plus tard quel en est
l'usage.
A vingt et une heures, après avoir
rangé leur équipement de nuit, ramassé les restes de leurs repas
que sa maman rapportera au village, le papa de Mariette donne le
signal du départ. Toute la famille se dirige vers l'endroit
découvert le matin même, dans le silence de la nuit troublé seulement par le bruit sourd de leurs pas et tremblant d'être découverts, dès qu'une pierre roule sur le chemin faiblement éclairé par un quartier de lune, car ils n'utilisent pas ou très peu leurs lampes, pour éviter de se
faire voir des gendarmes qui surveillent toujours la montagne. Un
quart d'heure plus tard, ils sont sur place. Constatant qu'il ne
s'est rien passé d'extraordinaire à l'heure fatidique présumée,
les parents de Mariette s'enlacent et tous les trois dansent une sorte de gigue
endiablée. Le papa de Mariette allume les bougies qu'il a placé
sous le grand sac en papier confectionné l'après-midi et celui-ci
s'envole dans le ciel en produisant une petite lumière dans la nuit
noire. Il monte lentement dans l'air frais. Aussitôt un étrange avion, se fait entendre dans le ciel et
forme des cercles au dessus d'eux. A l'aide de ses jumelles à vision
nocturne, le papa de Mariette identifie un drone Harfang appartenant
certainement à l'armée de l'air et dont les instruments ne semblent pas déréglés par le rayonnement magnétique ou par le froid ambiant. Quelques minutes plus tard, le pic
de Bugarach est survolé par un hélicoptère de la gendarmerie, équipé d'un puissant projecteur de recherches puis par des avions de chasse provenant de la
direction d'Istres et par une autre patrouille venant de Mont de
Marsan. La lanterne thaïlandaise construite par le papa de Mariette
a mis en alerte toute l'aviation militaire, alors qu'elle n'était destinée
qu'à fêter le début d'un nouveau cycle, à la fin du dernier
calendrier maya. Toute la famille de Mariette s'enfuie et va se
réfugier dans sa grotte secrète,heureux d'avoir pu échapper aux caméras thermiques de l'hélicoptère. Le lendemain ils quittent définitivement les lieux avant de redescendre dans la vallée sans être découverts, la surveillance du pic s'étant relâchée.
La force cosmique supposée emmagasinée ou pas, lors de leur séjour sur la montagne de Bugarach, a-t'elle changé leur vie ? Il est trop tôt pour le savoir.
Ce qui est indéniable c'est qu'au 21 décembre 2012, si on regarde les cartes stellaires, le centre de la galaxie, le Soleil et la Terre étaient parfaitement alignés. C'est la vérité et ça s'est produit en 2012 comme cela se reproduit tous les 21 décembre de chaque année.
Le 21 décembre 2012 à 12H11 ce fut la fin ... de l'automne 2012 !
Ce qui est indéniable c'est qu'au 21 décembre 2012, si on regarde les cartes stellaires, le centre de la galaxie, le Soleil et la Terre étaient parfaitement alignés. C'est la vérité et ça s'est produit en 2012 comme cela se reproduit tous les 21 décembre de chaque année.
Le 21 décembre 2012 à 12H11 ce fut la fin ... de l'automne 2012 !
Post scriptum : je n'ai nulle intention
d'entamer une carrière de conteur mais j'avoue que commettre
quelques galéjades me procure du plaisir. Puisse-t'il être partagé.
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