mercredi 27 mars 2013

La rue est un spectacle

Ayant une grande partie de la journée à perdre, j'ai passé celle d'hier à déambuler dans les rues de la capitale (la nôtre bien-sur, gens du Sud).

Pour celui qui marche en prenant le temps de regarder, le spectacle est permanent. Tout ce que vous allez lire est véridique et s'est déroulé en une seule journée.

Le premier personnage insolite, je l'ai entendu avant de le voir. A l'entrée d'une rue un camion d'électriciens bouchait le passage, un homme dans une nacelle isolait des câbles. Les vociférations m'ont attiré dans la petite rue et j'ai rencontré un homme tatoué couvert d'une serviette enroulée autour de la taille et qui invitait l'agent à rétablir le courant car il avait été coupé pendant qu'il faisait sa toilette (il était quand même près de neuf heures) et prétendait ne pas avoir été avisé. Je n'ai pas suivi la fin de l'histoire car aucune bagarre n'était en cours. 

Près de la cathédrale, dans une descente pavée, un bruit étrange m'a fait tourner la tête, il s'agissait d'un jeune homme descendant à roller à une vitesse et avec une aisance telle que j'ai attendu vainement la chute, il a rejoint le bitume et la partie plate sans encombre. Un peu plus tard dans une autre rue du centre ville, interdit à la circulation automobile, c'est une femme d'une quarantaine d'années, juchée sur une trottinette qui a attiré ma curiosité. Autant les enfants se rendant à l'école m'ont semblé naturels, autant cette rencontre m'a paru décalée et j'ai pensé qu'il y avait peu de chances qu'on me trouve sur ce genre d'engin.

Les quêteurs en tous genres sont légion, cela va de la femme assise au même emplacement que je rencontre depuis plus de deux mois (à croire qu'elle y gagne bien sa vie), aux poivrots qui engueulent les passants qui ne sont pas généreux, en passant par jeunes jouant aux infirmes et voulant faire signer un papier. A ce sujet, il a été remarqué qu'un de ces muets, était devenu ... chanteur de rue (Info Midi-Libre la semaine dernière). 

Les promeneurs de chiens sont également un sujet de distraction. Cela va du mini Yorkshire que sa vieille maîtresse ramasse péniblement en expliquant à sa voisine qu'il ne peut plus marcher (et elle à peine à se baisser), au petit chien au bout d'une longue laisse qui a fait éclater de rire une classe entière (la relève d'ironiste est assurée) et se poser des questions à son propriétaire qui n'ayant pas entendu le commentaire, se demandait s'il on parlait de lui, sans oublier les chiens dits dangereux, non tenus en laisse et non muselés, qui se baignent impunément dans les bassins devant le conseil général, alors que les agents municipaux à vélo semblent s'entraîner sur les bords du fleuve pour le prochain tour de France (à fond, le nez dans le guidon, si je ne l'ai pas vu c'est qu'il n'y était pas, si j'allais si vite c'est qu'on avait besoin de moi plus loin).

Les groupes de touristes étrangers se comportent comme des touristes et s'auto-photographient bruyamment devant les monuments, statues, jardins pendant qu'un guide-interprète tente laborieusement de se faire entendre. J'ai rencontré deux fois ce groupe de Brésiliens déambulant dans une joyeuse pagaille et en trois heures, ils n'avaient rien perdu de leur entrain.

Je n'ai pas remarqué beaucoup de tenue excentrique cette fois-ci. Pas de chapeau orange assorti au collant à rayure portés sous un manteau bariolé mais dans cette ville où une majorité de personnes s'habillent en sombre (Hérault de l'amer, pour paraphraser Noir Désir), j'ai suivi une fée vêtue d'un ample cape rouge bordeaux qui semblait conduire une enfant vers l'école. Quand elle s'est retournée j'ai pu admirer sa coiffure à l'ancienne avec bijou de front sous sa tresse, sa mini-jupe noire à pans irréguliers portée sur un collant et des bottes. Peut-être une animatrice de spectacle scolaire en tenue de travail ou alors un style très particulier.

Je vous ai déjà parlé des musiciens, jongleurs, acrobates qui se retrouvent si souvent sur la haute place qu'ils font partie du décor, aussi je n'ajouterai rien
(et mine de rien j'ai écrit deux lignes pour vous le dire).

"Ma ville est le plus beau park, sa vie pleine d'attraction, ta ville sera ce park, si telle est ton ambition" chantait Fabulous Trobadors. Alors quand vous sortez, faites comme moi : ouvrez les yeux, prenez le temps de regarder, sourire c'est vivre !

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