Ce titre, volontairement polémique, m'est venu à l'esprit à la suite d'une réponse de Florent Pagny à Patrick Sabatier sur sa non-participation aux concerts des Enfoirés :
« Coluche m'a dit qu'il n'avait pas créé les Restos pour durer mais pour faire réagir ».
Les Enfoirés le chantent eux-mêmes : « On nous avait dit c'est pour un soir, on est toujours là vingt ans plus tard ».
Ce mouvement, fondé en 1985, parti d'un bon sentiment : offrir à manger et à boire, est devenu une institution depuis la Loi Coluche permettant d'alléger ses impôts par des dons. Relayés par les médias qui, en plus du concert annuel, nous ont offert cette année une rétrospective des dix dernières années, les appels à la générosité se multiplient. Le déstockage du beurre congelé et autres denrées des entrepôts européens ne suffisent plus à nourrir un nombre croissant de bénéficiaires. Pour distribuer cent trois millions de repas, il faut un budget considérable, je ne l'ai pas calculé mais j'ai trouvé quelques chiffes : 65 millions d'euros venant de la générosité publique en représentent 42,8%, 17,8% proviennent des Enfoirés (concerts et produits dérivés), 21% des collectivités locales et 13,5% de l'Europe, le reste provenant de produits financiers ou fonds propres.
La réponse qui vient immédiatement à l'esprit est non mais pose la question : comment faire pour s'en passer ?
Il existe des pays où les religions obligent à un devoir de générosité, des défilés de moines quêtant un peu de nourriture remplissent les reportages. Dans un état qui se veut laïque, moderne, riche ce genre d'images n'est pas pensable et pourtant! Si le nombre de pauvres n'augmente pas, leurs ressources, elles, diminuent. Pendant que les nantis s'enrichissent, les autres se paupérisent.
Augmenter les impôts n'est pas populaire en période électorale, et comme il y a des élections à tout bout de champ, les politiques sont toujours en campagne.
Finalement rien n'a changé depuis l'Appel du 1er février 1954 de l'abbé Pierre, les gouvernements successifs s'en remettent à la générosité publique pour suppléer à leurs carences. Alors comme le chante Enrico Macias : « Donnez, dooonnez, Dieu vous le rendra »
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