Ils voulaient mourir en martyrs et ils sont morts. Point final d'une triste vie.
Mes pensées aujourd'hui vont aux autres, les victimes de ces actes barbares. Ils faisaient leur métier qui n'est pas de se faire tuer, les policiers de Paris et Montrouge, les employés du journal. Ils faisaient leurs courses les clients du supermarché du 20ème.
Ils voulaient vivre libres les dessinateurs et chroniqueurs de Charlie Hebdo. Ils mettaient leur talent au service de l'information. L'humour et l'ironie dont ils usaient étaient utiles dans ce monde de communication où il faut se démarquer pour se faire remarquer. Et quand on dit la vérité on est menacé. C'est bien sur plus confortable pour l'esprit de croire ce qui nous arrange, c'est plus facile que de réfléchir, s'interroger sur les origines de ce qu'on nous inculque, serine, montre sans jamais nous démontrer.
Apprendre à réfléchir ce n'est pas difficile mais cela demande un effort que beaucoup ne veulent pas faire; une question sans réponse en entraînant une autre, il est plus facile de s'en dispenser.
Certain ont crié au scandale quand un ministre de l'éducation à voulu imposer la philosophie dans les études secondaires, bien avant la "terminale". Je pense qu'il avait raison et qu'en classe de troisième, on est déjà en age de commencer, c'est quand même à l'adolescence qu'on se pose le plus de questions. Un peuple qui pense a toujours fait peur à ceux qui détiennent le pouvoir ou seulement une parcelle d'autorité car moins on réfléchi à sa condition, moins on veut l'améliorer et c'est pour ça que les esclaves étaient laissés dans l'ignorance.
En ce siècle d'information et de désinformation, tout le monde sait ce qui se fait ailleurs et que si ça existe c'est possible. La presse qui informe a un pouvoir puissant, celui de faire prendre conscience de la réalité, d'ici et d'ailleurs. Cela dérange les dictateurs de tout poil qui voudraient bien qu'il n'existe qu'une pensée commune, la leur.
Bien sur si j'exprime une idée ou une opinion il se trouvera toujours quelqu'un pour avoir un avis contraire. C'est le principe de liberté. Si l'avis adverse s'oppose au mien, il doit m'obliger à revoir ma façon de penser, personne ne détenant la vérité qui n'est pas une mais celle du moment.
Malheureusement il restera toujours des fanatiques accrochés à leurs certitudes et voulant imposer par la force leur main-mise sur les autres car, ne nous y trompons pas, leur but est bien de soumettre le monde à leur emprise, sous le couvert d'une religion ou d'une idéologie politique.
Demain d'autres crayons se lèveront, puisse t'ils être suffisamment aiguisés pour rayer de notre monde l'obscurantisme et faire rayonner la pensée.
Cogito ergo sum !
Et comme le mal n'est pas nouveau, j'ajoute un texte de Voltaire traitant du fanatisme.
"Il n'est d'autre remède à cette maladie épidémique que l'esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les moeurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dés que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l'air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes; la religion, loin d'être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l'esprit l'exemple d'Aod qui assassine le roi Églon; de Judith qui coupe la tête d'Holopherne en couchant avec lui; de Samuel qui hache en morceaux le roi Agag; du prêtre Joad qui assassine sa reine à la porte aux chevaux, etc., etc., etc. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l'antiquité, sont abominables dans le temps présent: ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne.Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage: c'est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu'ils doivent entendre.Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant?
Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J'ai vu des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s'échauffaient par degrés parmi eux: leurs yeux s'enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits.
Oui, je les ai vus ces convulsionnaires, je les ai vus tendre leurs membres et écumer. Ils criaient: « Il faut du sang ». Ils sont parvenus à faire assassiner leur roi par un laquais, et ils ont fini par ne crier que contre les philosophes.
Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait. Il n'y a eu qu'une seule religion dans le monde qui n'ait pas été souillée par le fanatisme, c'est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède; car l'effet de la philosophie est de rendre l'âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c'est à la folie des hommes qu'il faut s'en prendre. »
Voltaire 1764 "
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